samedi 12 mars 2011

Je kiffe ce mec

Vieux Farka Touré

Guitariste talentueux, auteur, compositeur et interprète à la voix de ténor, Vieux Farka Touré est le digne héritier de son père, le bluesman sahélien et ex maire de Niafounké, Ali Farka Touré, décédé le 7 mars 2006 à Bamako (Mali).

Né en 1982 à Niafounké (« enfant de la même mère » en songhaï), à 250 km au sud-ouest de Tombouctou, Boureima Touré plus connu sous le nom de « Vieux Farka Touré » descend de la noblesse Arma (proche de l’ethnie Songhaï) au nord du Mali – dans certaines communautés africaines, lorsqu’on porte le prénom de son grand père, on est surnommé « Vieux » ou « Pape » (ou « Papa »). Vieux Farka Touré grandit entre le calme de Niafounké, le village d’adoption de la famille dans le désert du Sahara près du fleuve Niger, et l’agitation de Bamako, la capitale malienne. Il manifeste très tôt un talent précoce pour la musique (batterie, calebasse) mais son père, le guitariste Ali Farka Touré (1939-2006), primé deux fois aux Grammy Awards aux USA pour les albums Talking Timbuktu (avec Ry Cooder - 1995) et In the heart of the moon (avec Toumani Diabaté – 2006), lui interdit de poursuivre dans cette voie et lui ordonna de suivre les pas d’un grand-père dont il portait le nom et d’entrer dans l’armée - son grand-père, Boureima Touré, militaire dans l’armée française, meurt pendant la guerre 1939/1945 alors qu’Ali Farka Touré, futur « roi du blues du désert » et maire de Niafounké, est tout petit.

Toutefois Vieux Farka Touré n’étouffe pas ses ambitions artistiques et continue à s’initier en autodidacte et en secret jusqu’à ce qu’il ait l’âge de s’inscrire à l’Institut National des Arts de Bamako d’où il ressort comme guitariste virtuose, auteur, compositeur et chanteur plein de promesses. Son style particulier de « blues africain » s’enracine fermement dans la tradition tout en incorporant une fascinante palette moderne, notamment les riffs de guitare « hendrixiens ». Il parachève son apprentissage en tournée avec Toumani Diabaté, brillant maître de la kora (harpe-lyre africaine à 21 cordes) et aussi - enfin ! - en se produisant avec son père en tant que guitariste ou joueur de calebasse comme en 2005 au festival Images et Paroles d’Afrique de Privas en France où ils jouent pour la première fois sur scène - la même année, il signe avec le label américain Modiba Productions d’Eric Herman. Impressionné par le talent de son fils, Ali Farka Touré se résout à l’inévitable et lui donne sa bénédiction inconditionnelle. Deux des derniers enregistrements de son père, « Tabara » et « Diallo », font de l’album éponyme de Vieux non seulement le seul et unique témoignage discographique des prestations communes du père et du fils mais aussi le passage de flambeau de « Monsieur le Maire de Niafunké » à son successeur désigné. « Avant de mourir, le plus célèbre guitariste-chanteur du Mali, Ali Farka Touré, conseilla à son fils d’emporter la tradition comme boussole pour le guider dans ses voyages au long cours à travers d’autres mondes musicaux. A en juger par ce premier album, le fils a bien retenu la leçon ». En 2007, certains titres de l’album, remixés dans une version plus rythmée, ont fait l’objet d’un album intitulé Remixed : UFO Over Bamako.
Ali Farka Touré a aussi légué à son fils le surnom « Farka » qui signifie « âne », surnom qu’il avait reçu en raison du caractère difficile de l’animal, de sa résistance et de sa force et parce qu’il était le 10ème enfant de la famille à avoir survécu à la maladie dans son enfance, contrairement à ses frères et soeurs.

A la disparition d’Ali Farka Touré le 7 mars 2006 des suites d’un cancer à Bamako (Mali), Vieux Farka Touré (guitare, voix), accompagné du jeune virtuose de la kora Sidiki Diabaté (fils de Toumani Diabaté), alors âgés respectivement de 24 et 13 ans, perpétue la tradition en diffusant le blues sahélien initié par son père au festival dont il était le parrain, Image et paroles d’Afrique de Privas dans l’Ardèche en France.

DEUX VIDEOS LIVE : (en attendant l'ouverture de JAZZ A OUAGA fin mars au CCF)